Françoise Pétrovitch
élabore un univers de personnages, d’enfants et adolescents, travaillés au lavis et à la peinture à l’huile. Il s’agit pour elle d’évoquer l’intimité, quel que soit le format du dessin ou de la peinture
Le monde de Françoise Pétrovitch est intime, ambigu, inquiétant parfois. Il est traversé d’imaginaires qui se répètent comme des obsessions, des animaux, des enfants, des personnages de contes, Peau d’âne, l’ogre, saint Sébastien. L’artiste invoque les « motifs-traits » qu’elle utilise pour naviguer entre l’intériorité et l’extériorité : les mains, les yeux fermés (ou masqués ou baissés), les figures étendues au sol, qui, elles aussi, reviennent et s’enchaînent jusqu’à la (con)fusion : de l’humain à l’animal, de l’enfance à l’âge adulte, de la présence à l’absence. Dans les dédoublements qui s’accomplissent, on sent l’écho de l’être qui glisse, sa fluidité. On sent aussi le dialogue que Françoise Pétrovitch entretient avec ceux qui, comme elle, ont ressenti l’urgence d’exprimer le monde, des peintres de la préhistoire à Nancy Spero, de Matisse à Marguerite Duras, des maîtres de la nature morte à Louise Bourgeois. Quant aux histoires déployées dans son travail, elles ne se referment jamais, elles s’ouvrent au contraire, elles laissent pénétrer les rêves, les fragments, les apparitions et les disparitions. On est toujours au bord d’un précipice, dans un monde où les femmes, la nature, l’enfance, le fragile, tout est soumis à la violence qui passe comme un grand vent.